Aujourd'hui 6 Mai 1914
Bonjour ici nous vous informerons de notre actualité ...voici ce que vous auriez pu lire dans la Presse du du jour
Dabord un point sur les Faits d'Hier
Nous Français sommes entrés à Altkirch et à Mulhouse après d'héroïques combats.Notre cavalerie a remporté des succès au sud de la Meuse.Liège a refusé l'armistice.Vingt mille Anglais débarqués à Ostende, à Calais et à Dunkerque se portent sur Namur.Les troupes allemandes manquent d'approvisionnements.Nos camarades Anglais se sont emparés du port de Lomé dans la colonie allemande de Togo (Afrique occiden-
Voici le Bilan de la Semaine
Samedi 8 août. L'empereur d'Allemagne décrète l'état de « menaces de guerre ».
Dimanche 2 août. Premier jour de notre mobilisation générale française l'état de siège est déclaré dans toute la France. Violation de la neutralité du Luxembourg par des patrouilles allemandes. `
Lundi 3 août. L'Allemagne nous déclare la guerre à nous la France et somme la Belgique de lui livrer passage. La Belgique refuse.
Mardi 4 août, -r- La Chambre et le Sénat votent toutes les mesures proposées par le gouvernement. L'Allemagne adresse un ultimatum à l'Angleterre.Deux croiseurs allemands bombar-
dent Bône et Philippeville.
Mercredi 5 août. L'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne. Les Allemands, entrés en Belgique, sont arrêtés devant Liége.
Jeudi 6 août. Toutes les attaques allemandes contre Liège sont repoussées avec pertes.
Vendredi 7 août. L'Autriche déclare la guerre à la Russie. Les troupes françaises entrent en Alsace.
Samedi S août. Les Français, après avoir livré un combat magnifique, Nous Français entrons victorieux à Altkirch et à Mulhouse.
En Alsace
D'un élan héroïque, avec le mépris de la mort, nos soldats ont pénétré hier en Alsace. Ils ont emporté le fort d'Altkirch, ils sont entrés à-Mulhouse;
leur sang coule sur la terre jadis arrachée à la patrie.
Quelle heure mémorable Ceux d'entre nous que leur âge ou leur poste tient,hélas éloignés du combat ont reçu, en apprenant cette nouvelle, une secousse au cœur qu'ils ne pourront pas oublier.Depuis quarante ans, toute notre génération rêve de la revanche. Tantôt nous l'avons crue trop proche et tantôt impossible mais toujours, a travers les troubles de notre histoire contemporaine, la reprise de l'Alsace et de la Lorraine resta l'idéal français et aucun Français, interrogé dans sa conscience profonde, n'a jamais renoncé aux provincesperdues. -x-
• C'est cet espoir de refaire l'integnte de la patrie qui nous a maintenus, sains et fiers, malgré nos divisions; et c'est cet espoir aussi qui, accumulé dans les âmes, a produit la brûlante explosion de patriotisme devant laquelle les barbares Ont reculé..
Oui, certes, ils ont reculé, mais il ne faut pas croire qu'ils ne nous aient pas opposé la plus farouche résistance et qu'ils ne défendront pas furieusement leur proie. On ne la leur enlèvera
qu'avec leur chair et avec notre chair.Nous le savons, nos soldats le savent,ils ont fait à cette gloire le sacrifice de leurs vies. Nous n'avons même pas le droit de les plaindre. La pitié est un
sentiment trop faible pour leur cœur héroïque; ils la refuseraient. Nous devons nous forger, nous qui sommes loin d'eux, une' âme pareille^x la leur. Ilsdoivent ignorer que tant de mères et
d'épouses pleurent déjà; et ceux qui reviendront auront de l'amour et de la gloire pour tous ceux qui seront tombés.
Répétons-nous que les soldats français ont touché du pied le sol de la Lorraine et que Metz est à l'horizon ils ont envahi lés premières terres d'Alsace et ils aperçoivent le Rhin allemand. Ma-gnifique récompense du sang verse.La victoire, c'est, désormais notre droit de rcspcrcr,définitive, si nous n'exigeons pas du destin qu'il nous la donne sans holocauste. Nous ne la lui marchanderons pas.
Nos troupes en AlsaceEntrée à Altkirch et a MulhouseLes Allemands en dérouteNous parlions hier de l'heureuse "confiance que manifestaient les milieuxgouvernementaux.
Elle était fondée. Et c'est une joie immense que toute la France ;va ressentir aux premières nouvelles, aux grandes et glorieuses nouvelles qui nous sont arrivées hier soir. 5 heures, le ministère de la guerre a communiqué à la presse, hier soir, la nouvelle suivante
Les troupes françaises ont franchi la frontière elles ont livré àAltkirch un combat très violent.Elles se sont emparées d'Altkirch et ont poursuivi les troupes alle-
mandes en retraite elles continuent leur mouvement dans la direction de Mulhouse. Le succès remporté a été extrêmement brillant.
Dans leur joie de voir arriver les troupes françaises, les Alsaciens-Lorrains ont arraché tous les poteaux-frontières.
Allitirch, chef-lieu d'arrondissement de la Haute-Alsace, est à 46 kilomètres au sud-ouest de Mulhouse, sur la ligne du chemin de Ver de Mulhouse à Paris et sur la route de,
Bâle à Belfort. C'est une ville de 4,000 habitants.
A 8 h. 1/2, l'Agence Havas annonçait Le gouvernement vient d'être avisé queles troupes françaises sont entrées à Mulhouse.
Mulhouse était le chef-lieu de l'arrondissement du Haut-Rhin français. C'est une ville non fortifiée bâtie sur l'Ill et le
canal du Rhône au Rhin. En 1798, au lendemain de la paix de Bâle, Mulhouse se donna volontairement à la France.Après le traité de Francfort, la plus grande partie de ses habitants optèrent
pour la France.'
La bataille
RÉCIT OFFICIEL
A minuit, le ministère a fait à la presse-ce nouveau communiqué
Les troupes françaises occupent Mulhouse après Altkirch
L'entrée de l'armée. française en Alsace est un événement historique que saluent les acclamations d'un/peuple et la justice de l'histoire.C'est vendredi, à la tombée do la nuit,qu'une brigade française d'avant-garde est arrivée devant Altkirch..
La ville était défendue par de très fortsouvrages de campagne et occupée par -une brigade allemande.
L'avant-garde française, elle aussi,était constituée d'une brigade.Nos troupes ont donné l'assaut avec une magnifique ardeur. Un régiment d'infanterie, notamment,dans une charge furieuse, a en-levé les retranchements allemands,après un combat très vif livré enavant des lignes.
Une fois de plus, nos assauts à la baïonnette ont mis les Allemands en fuite il en est ainsi depuis le début de la campagne.
Les Allemands se sont retirés dans un grand désordre.Bien que leurs ouvrages de seconde ligne pussent encore tenir, ils les ont abandonnés. Ils ont également évacué la ville.
Un régiment de dragons s'est lancé a la poursuite des Allemands dans la direction de Wallhcim, Tagblsheim, 111-urth. 11 les a poussés très vivement et leur a infligé des pertes sérieuses.
Le colonel et sept officiers du régiment français ont été blessés. La nuit a per-mis aux Allemands de se dérober. L'entrée à Altkirch
ACCUEIL ENTHOUSIASTE
Nos troupes sont alors entrées dans Altkirch. La vieille cité alsacienne leur a fait un accueil enthousiaste.Toutes les fenêtres s'ouvrent. Des vieillards qui ont vu l'autre guerrs embrassent nos soldats. Un immense cri de joie retentit. On porle en. triomphe les poteaux -frontières qui viennent 'd'êtrearrachés. C'est une heure d'émotion indicible.
A Mulhouse
A l'aube, notre brigade d'avant-gardese remet en marche.La cavalerie, qui croyait rencontrerles avant-postes. allemands en avant de lMulhouse, ne les trouve pas. La marchesur Mulhouse de toute la brigade est décidée.
Dans l'après-midi, nos éclaireurs abordent les ouvrages de campagne nombreux et importants par lesquels lesAllemands avaient protégé la ville. Ilsconstatent que ces ouvrages ont été
abandonnés.
A 17 heures, nos colonnes débouchent devant Mulhouse en longeant le chemin de fer par Brunstatt. Les Alsaciens sont sortis de la ville. Ils courent aux ouvrages, saluent de. leurs appels frénétiquesle drapeau français.Un immense cortège s'organise qui acclame les soldats. En moins d'une heure, Mulhouse est occupée.En même temps notre cavalerie, traversant la ville au galop, poursuivait l'arrière-garde allemande et nos avant-postes s'installent au nord de Mulhouse.La déroute allemande
Il serait prématuré d'indiquer aujour-d'hui quelles peuvent être les suites de ce premier succès. Ce qui est à retenir,c'est qu'une brigade française attaquant une brigade allemande retranchée l'a mise en déroule le mot de déroute est le seul' qui convienne. Devant notre charge à la baïonnette, les Allemandsse sont enfuis à toutes jambes.
Les pertes françaises ne sont pas excessives, eu égard au résultat. Le mordant de nos troupes a été prodigieux.L'occupation de Mulhouse, le grand centre industriel et intellectuel alsacien,
avec ses 100,000 liabitants, aura dans toute l'Alsace et, on peut le dire, dans toute l'Europe, un immense retentissement.
Altkirch est à 17 kilomètres de Mulhouse et à 18 kilomètres de la frontièrefrançaise. Nos troupes ont donc avancé en Alsace de 40 kilomètres environ.• -'Les -Allemands se sont retirés dans la direction de Neuf-Brisach. Toute l'Alsace, soulevée contre eux, va aggraveles difficultés de leur situation.Proclamation du général JoffreLe général Joffre a adressé à l'Alsace une proclamation qui a été affichée etlue avec passion par les Alsaciens.En voici le texte: